Fermeture de nuit des urgences de l'hôpital
Depuis
le mois de septembre, les urgences de l’hôpital de Bagnères sont fermées de 19h
à 9h du matin. Selon les chiffres mêmes de l’ARS, cette fermeture est
susceptible d’entraîner plus de 30 décès par an de malades en urgence absolue
ne pouvant être pris en charge suffisamment rapidement. Aux demandes réitérées
auprès du préfet, de l’ARS, du directeur de l’hôpital de Tarbes en charge du
GHT (groupement hospitalier de territoire regroupant Tarbes, Lourdes et
Bagnères), nous sont toujours opposées les difficultés de recruter des
urgentistes.
Certes
la problématique des urgences est bien nationale. Cependant, cela n’évacue pas
la responsabilité des acteurs locaux et notamment du directeur de l’hôpital de
Tarbes, Christophe Bouriat dont la gestion s’avère des plus calamiteuses. Car
c’est bien ce que les candidats médecins urgentistes mettent en avant :
pas question de dépendre de l’hôpital de Tarbes au vu des conditions de travail
imposées par la direction.
Les
urgences de Bagnères ont déjà été sauvées une première fois en 2012 grâce à la
mobilisation de tous les acteurs du territoire et de la population. La
fermeture définitive des urgences de Bagnères est une menace majeure sur le
service de médecine générale qui viendrait se rajouter au transfert déjà programmé
des 12 lits de centre d’éveil du Centre de Rééducation Fonctionnelle hypothéquant
la pérennité même du centre hospitalier.
Les
habitants de la Bigorre sont en droit de se demander quelle est la feuille de
route du directeur, M Bouriat au vu des conséquences de ses choix et de ceux de
l’ARS : transfert de la médecine nucléaire à Pau, fermeture cet été du
service de neurologie, problèmes de recrutement de médecins en neurologie, en
cardiologie et en néphrologie. Manque de médecins rééducateurs sur Bagnères,
incapacité à recruter et gérer les urgences de Tarbes et de Bagnères,
solidaires l’une de l’autre.
Face à cette situation qui va entraîner des catastrophes sanitaires, l’ARS et le préfet proposent de réorienter les patients vers la médecine de ville, l’hospitalisation à domicile, bref ne répondent en rien aux attentes des usagers. Quant aux élus locaux, Messieurs Brune1 et Sempastous2, ils communiquaient en juin dernier sur le fait qu’il n’y avait aucun risque de fermeture des urgences sur Bagnères et qu’une solution avait été trouvée ! Cet optimisme qui n’avait pas convaincu les élus Bagnérais s’est depuis, heurté au mur de la réalité. (Position des médecins hospitaliers)3
Afin
de sauver les urgences sur l’hôpital de Bagnères et maintenir l’intégralité des
services de soin, nous demandons, dans le souci de répondre à l’urgence
immédiate, qu’à l’image de Lourdes et de Lannemezan, l’hôpital de Bagnères
puisse organiser et gérer son propre service d’urgence (recrutement des
médecins, gestion des plannings, organisation du travail).
1.
« Une solution a été trouvée, c’est tant
mieux, explique Jacques Brune, président de la CCHB ». La semaine du
24/06/2021. « Une solution pour les urgences de l’hôpital » qui
faisait état d’une ouverture des urgences la nuit l’été 2021.
2.
La
semaine du 10/06/2021 : JB Sempastous : « Les urgences de
Bagnères ne connaîtront pas, tel qu’il est avancé, de fermeture cet été… Une
solution a été trouvée et toute rupture de soin sera évitée. Au contraire, un
projet de reconstruction du pôle d’urgence est mené sur le centre hospitalier de
Bagnères. Il sera un pôle de référence inscrit dans l’avenir et dans un futur
proche des travaux seront lancés. »
3. A propos de la fermeture des urgences : Publié le
"Nous avons pris le temps de
réfléchir avant de nous exprimer, nous ne voulions pas interférer sur les
échanges entre l’ARS et notre direction et nous ne voulions surtout pas de
récupération politique en cette période électorale. En tant que médecins hospitaliers
nous sommes profondément attachés au service public et nous ne sommes pas
favorables par principe à la fermeture de services hospitaliers. Mais les
missions réalisées par les médecins urgentistes du centre hospitalier de Tarbes
sont nombreuses, et le sous-effectif médical du service (aggravé cet été par 2
arrêts maladies) ne nous permet plus aujourd’hui de les assumer.
Ces missions sont multiples : régulation médicale au Centre 15 pour l’ensemble du département; Interventions SMUR (infarctus, accidents de la circulation, du travail…);Secours en montagne; Transferts inter hospitaliers pour les patients les plus graves; Accueil des urgences adultes et pédiatriques avec un rôle pivot départemental pour les patients les plus graves (Infarctus, AVC, Polytraumatisés…); Prise en charge des situations sanitaires exceptionnelles (catastrophes naturelles, risque industriel, accidents multi-victimes, etc.) ;Soutien sanitaire pour certains évènements (Tour de France, Pèlerinage de Lourdes…);Antenne Urgences SMUR de Bagnères ; -Sans oublier la formation à l’urgence via le CESU.
Dès le mois d’avril nous
avons alerté notre direction sur nos difficultés pour assumer ces missions et
nous avons proposé de les prioriser en étant les plus justes pour l’ensemble de
la population des Hautes-Pyrénées.
En raison de la très faible
activité réalisée la nuit par l’antenne de Bagnères mais aussi de la typologie
(faible gravité) des patients, nous avons proposé à notre direction de fermer
cette unité de 20 heures à 8 heures du matin.
Ce choix n’était pas facile
car cette antenne offre des soins de proximité très appréciés par la
population, nous le savons. Mais cette fermeture permettait de repositionner un
médecin sur le centre hospitalier de Tarbes où l’activité est très forte. La proximité
géographique de Bagnères par rapport à Tarbes permet d’envoyer si nécessaire
une équipe SMUR très rapidement sans perte de chance pour le patient tout en
s’appuyant sur les médecins généralistes, les ambulances de garde et les
Sapeurs-Pompiers du secteur.
Le maintien de l’Antenne de
Bagnères la nuit se fait donc au dépend de la deuxième ligne du SMUR de Tarbes
qui devra fermer. Cette fermeture a des conséquences départementales beaucoup
plus graves notamment l’incapacité de réaliser les transferts inter
hospitaliers des patients les plus graves (y compris ceux nécessitant un
transfert vers le CHU de Toulouse). Les solutions finalement proposées
aujourd’hui, pour maintenir les Urgences de Bagnères ouvertes jour et nuit,
grâce à un partenariat public-privé restent fragiles et tout n’est pas réglé.
La situation sera la même
en septembre car le nombre de médecins dans le service sera encore insuffisant,
et malgré des recrutements de jeunes médecins attendus en novembre, des départs
en retraite sont prévus dans les 3 ans à venir. La situation sera donc longue à
s’améliorer, nous espérons plutôt une stabilisation. A noter que la situation
des autres services d’urgence du département (et de la Région) est identique,
hélas. L’absence de médecins remplaçants disponibles nous pénalise également.
Malgré notre bonne volonté,
notre investissement sans faille, la réalisation d’heures supplémentaires
permanentes nous n’y arrivons plus. Pourtant notre département est agréable et
notre service d’urgences bien notés par les internes qui y passent en stage,
mais le nombre de médecins urgentistes formés n’est pas suffisant. On voit donc
bien que la réflexion doit se faire au niveau départemental et non pas au
niveau local. Il faut garantir la sécurité de l’ensemble des habitants du
département en recentrant nos activités sur les postes indispensables à la
sécurité de tous et sur la médecine d’urgences.
Il faudra revoir nos
missions. L’hôpital ne peut pas tout, les services d’urgences non plus. Le seul
recours possible pour les patients à un médecin la nuit (et parfois le jour)
reste les services d’urgences.
Il nous paraissait
important de vous exposer la réalité de la situation actuelle et d’essayer de
vous expliquer les choix que nous défendons et devons faire.