mercredi 28 octobre 2020

L'école Steiner à Marsas ?

 




Selon des sources proches, nous avons appris que la commune de Marsas, par la voix de son Maire, Philippe Viau, se propose d’accueillir des élèves de l’école Steiner dite « Les boutons d’or ».

La raison invoquée est le manque de place dans l’actuelle école sise avenue du Maquis de Payolle à Bagnères. On pourrait aussi évoquer, à la lumière des rapports d’inspection de l’Education Nationale  « la vétusté, l’insalubrité et le manque d’hygiène des locaux ».

Le Maire de Marsas a toujours eu un rapport ambigu avec l’école publique.

·   Lorsque le maire d’alors, Monsieur Sempastous, avait demandé à Monsieur Viau de bien vouloir participer aux frais de scolarité des enfants résidant dans sa commune et scolarisés dans les écoles de Bagnères, (comme le prévoit la Loi *), il s’est vu opposer un refus net au prétexte que le Maire de Marsas se verrait dans l’obligation « d’augmenter ses contributions directes » et « que (ses) contribuables déjà exsangues ne l’accepteront pas ». Quand on connaît le niveau des impôts sur Marsas (3,26% sur le foncier contre 21,5% sur Bagnères), que ne dirait-on pas des contribuables bagnérais ! La somme demandée alors par Bagnères était de 3600€ pour 8 enfants.

·     Dans le même courrier, et assumé et répété lors de la dernière réunion des conseillers municipaux de toute la CCHB, M Viau a proposé la création d’une « école de bassin » car « nous sommes tous à moins de 15 minutes des écoles de Bagnères », ce qui engendrerait la fermeture de toutes les écoles des villages (Gerde, Beaudéan, Asté, Lesponne, Campan, Saint Marie de Campan, Trébons, Pouzac, Ordizan, Germs, Cieutat, Montgaillard, Hiis, Orignac, Mérilheu) soit pas moins de 1000 élèves regroupés dans un seul site ! On ne peut pas dire que cette proposition ait déclenché un grand enthousiasme chez les élus, on s’en doute !! 


     Dans un courrier en date du 18 octobre 2020 adressé à tous ses administrés, M Viau informe ses concitoyens de son choix d’accueillir des élèves de l’école des Boutons d’or dans la salle des fêtes de Marsas.  Cependant, en tant qu’élu d’une République laïque, il aurait peut-être pu se dispenser de la présenter comme « une offre pédagogique différente et sûrement complémentaire ( ?!?) pour les familles qui se sentent en phase avec cette approche ou pour les enfants en délicatesse avec les méthodes pédagogiques de l’enseignement laïque et républicain ». A moins de 48 heures de l’assassinat d’un professeur, alors que nombre de maires ont rendu un hommage officiel à cet enseignant, le Maire de Marsas ne trouve rien de mieux que de continuer l’entreprise de sape de l’école de la République et faire l’apologie d’une école hors contrat scrutée attentivement par l’Education Nationale.

Car des questions restent posées :

·   Pourquoi cette école continue-t-elle à inscrire des enfants alors même que ses locaux ne lui permettent pas de les accueillir dans des conditions satisfaisantes ?


·       L’Inspection Académique et le Rectorat sont-ils au courant de cette modification de la structure de cette école : une partie des classes à Bagnères et l’autre à Marsas ?


· Que connaît M Viau du fonctionnement de cette école quand il affirme « Une école associative privée dont la méthode pédagogique est axée sur l'éveil des sens et de la créativité, l'apprentissage manuel, artistique et intellectuel, en complément de l'enseignement traditionnel, académique. » ? Les enseignements dispensés permettent-ils aux enfants d'acquérir le socle commun de connaissances, de compétences et de culture exigé par l'Education Nationale ? 


·      Faut-il absolument, pour répondre aux ambitions du président du SCOT qui rêve de voir croître la population sur la CCHB, tout accepter ? Car cette fumeuse « offre scolaire » n’est rien d’autre qu’un produit d’appel destiné à attirer de nouvelles familles sur le territoire. Encore faut-il que les parents de ces enfants puissent trouver une activité professionnelle sur le territoire ce qui n’est pas assuré…


·    Cette notion anti-républicaine « d’offre scolaire », a été reprise par Julien Robbé de Bagnères écologie Citoyenne lors de la campagne des municipales. Cette grande bienveillance dont il a fait preuve alors envers cette école, serait-elle liée aux raisons de son arrivée sur Bagnères ?


·    Qui va payer le chauffage de la salle des fêtes de Marsas ? Les contribuables du village ou les parents des élèves ? Parce que refuser de participer au coût de la scolarité publique des enfants de Marsas pour accepter gratuitement de loger des enfants d’une école hors contrat, cela donne un aperçu de l’engagement politique de M Viau !

 

Jamais à l’abri d’une contradiction, après avoir été UDI, puis socialiste puis LREM, après avoir chanté « nos chansons des Baronnies » avec le Président Macron, Philippe Viau va à l’encontre de son nouvel « ami » qui lui, semble bien décidé à faire le ménage dans les écoles hors contrat. Sûr que M Macron sera ravi d’apprendre que, sur le territoire de la Bigorre, qu’il chouchoute au point d’y envoyer comme préfet son attaché de cabinet, les représentant LREM conchient l’école publique pour cirer les pompes des écoles Steiner. Et le député, le Président de la CCHB, auparavant Radical de Gauche et donc empreint des valeurs laïques, partagent-ils cette vision de l’école laïque et républicaine ?

 

* La scolarisation d'un enfant hors de sa commune de résidence est soumise à un mécanisme de répartition des frais de scolarisation entre commune d'accueil et commune de résidence défini aux articles L. 212-8 et R. 212-21 à 23 du code de l'éducation. … Lorsque la commune de résidence ne dispose pas de capacité d'accueil suffisante, la contribution aux frais de scolarisation dans une autre commune revêt un caractère obligatoire.


vendredi 9 octobre 2020

Bagnères, le retour du train ?

 

« Gouverner, c'est prévoir ; et ne rien prévoir, c'est courir à sa perte » 

(Emile de Girardin)

Avoir une vision d’avenir, voilà ce que nous attendons des élus. Et s’il y a bien un dossier qui illustre cela, c’est bien celui de la voie ferrée reliant Bagnères à Tarbes.

Bagnères a été, en 1862, la 1ère des villes d’eau du sud-ouest à être accessible par voie ferrée. Le transport de voyageurs cessa en1970 et la ligne ne sera utilisée que par les usines Soulé avant de s’éteindre progressivement. Pour autant, les Bagnérais n’ont pas oublié !

En 2006, les élus de la CCHB décident d’investir 1,2 millions d’euros dans la construction d’un bâtiment de près de 2 000m2 pour CFD (Compagnie des Chemins de Fer Départementaux) installé sur le site Soulé.  En 2008, CAF (groupe ferroviaire espagnol) rachète CFD et pérennise l’activité industrielle du site. (1)

De par sa présence auprès des salariés de CFD, la CGT est toujours intervenue depuis les années 2000, sur la nécessité de réhabiliter la voie ferrée, et a dénoncé l’aberration d’une usine ferroviaire non reliée au rail ce qui nuit grandement au développement de ce site industriel.

Le Maire de Bagnères, Rolland Castells, a toujours œuvré pour la préservation de l’emprise de la voie et ne pas hypothéquer ainsi une réouverture potentielle. En 2010, il est soutenu par Josette Durrieu, Présidente du Conseil Général, qui confirme l’intérêt qu’elle porte à cette réouverture, tant pour des raisons environnementales qu’économiques.(2) Cette réouverture est ainsi inscrite dans la Convention Territoriale du Pays de Tarbes et de la Haute Bigorre, document cosigné par l’Etat, le Conseil Régional, le Conseil Général et la CCHB qui prend en compte les différentes utilisations possibles : fret, transport de passagers, tourisme… (3)

A cette même date, l’opposition municipale par la voix de Michel Martin, élu de Bagnères Solidaire, portait le projet de remplacer la voie ferrée par une voie verte réservée aux cyclistes, position partiellement abandonnée lors des élections de 2014.

La remise en état de la voie ferrée Tarbes -Bagnères devient un enjeu économique majeur pour Bagnères et la Haute Bigorre : enjeu à la fois économique pour consolider le tissu industriel, mais aussi touristique pour assurer une liaison avec Tarbes, et environnemental pour réduire le trafic des voitures sur le CD8 entre les 2 villes. C’est cette position que les élus du Front de Gauche ont toujours défendue.

Compétence régionale, l’avenir du transport ferroviaire a attiré une foule de Bagnérais lors d’une réunion publique des Etats généraux du rail qui a eu lieu le 31 mai 2016 à Bagnères, car l’espoir de voir la ligne rouvrir est loin d’être enterrée.(4) (5) Le 2 décembre a également eu lieu une réunion publique sur "les chantiers pour l'avenir des transports en Occitanie" à Tarbes où la question a été une nouvelle fois soulevée. Mais que de temps perdu avant que soit véritablement étudié le retour du train sur cette ligne ! Plus de10 ans de tergiversations des uns et des autres : coût trop élevé pour les uns, mise en place d’un outil non rentable pour d’autres, évaluation du coût passant de 50 à 75 millions d'euros... (6)

Aurait-il fallu que cette ligne Morcenx-Bagnères passe par Marsas avec un terminus à Beaudéan pour que les édiles de ces deux villages (respectivement président du SCOT et président de la CCHB depuis 2013) daignent prendre le dossier en main et entendent les demandes conjointes des habitants de la CCHB, de la CGT-CFD, des responsables industriels, des élus du Front de Gauche, de la Confédération Paysanne qui a porté ce dossier au CESER, et des maires de Bagnères (Castells et Cazabat principalement) ?

Réactivé en 2019 par le Conseil Municipal de Bagnères qui a vote une motion à la quasi-unanimité (-2 voix de Bagnères solidaire refusant d’y associer le transport des voyageurs), (7) la demande a été portée et votée par la CCHB qui a décidé de lancer une étude de faisabilité pour le fret mais aussi pour la partie voyageurs (80 000€). Etude décidée en octobre 2019 et appel d’offre clôturé le 7 septembre 2020 (on ne peut pas dire qu’il y ait précipitation ….)

Cependant, malgré le coût démesuré investi dans le document du SCOT, autant ses auteurs (dont son Président, le maire de Marsas), dans la partie « liaisons et transports collectifs » parlent de la gare de Tarbes, de l’aéroport de Lourdes-Ossun et de l’autoroute, autant il n’est nullement fait allusion à la voie ferrée Tarbes-Bagnères. Soit les concepteurs ne connaissaient pas son existence, soit ils n’en avaient cure, mais pour un document qui se déclare engager l’avenir des 15 prochaines années, cela laisse rêveur…. Apparemment, ils n’avaient pas anticipé la crise du transport aérien et donc la relance du transport ferroviaire !

« Ne pas prévoir » se traduit de façon très concrète par le transport de 43 rames de banlieue MI2N de la ligne A du RER francilien par la route : transport de nuit par 2 semi-remorques, passage de 7 ronds-points, passage sous les ponts délicat, soit plus de 2 heures pour sortir de Tarbes !!! Bonjour le coût financier et environnemental !!! 

Le coup de théâtre est venu de l’Etat qui, par la voix du Ministre des transports, vient d’annoncer une enveloppe de 8 millions d’euros dédiée à la réouverture de la ligne dont la rénovation serait estimée à 20 millions d'euros. Il est nécessaire que le chantier soit lancé impérativement dans les plus brefs délais car il s’agit bien de l’avenir économique de la Haute Bigorre qui est en jeu.

Souhaitons que les choix désastreux d’abandon du train ces dernières années soient derrière nous et qu’une prise de conscience des responsables politiques les amènent à faire une marche arrière bienvenue.

Cette réouverture sera un joli pied de nez à tous ceux qui ricanaient face à nos demandes incessantes de réouverture de la ligne. 


(1) https://www.ladepeche.fr/article/2007/03/12/387359-bagneres-de-bigorre-un-nouveau-batiment-pour-cfd.html

(2) https://www.ladepeche.fr/article/2010/10/21/931808-bagneres-vers-une-reouverture-de-la-ligne.html

(3) http://www.bagneres-infos.com/IMG/pdf/communique_voie_ferree.pdf
 
(4) https://www.ladepeche.fr/article/2016/06/04/2358608-etats-generaux-rail-ont-fait-halte-cite-thermale.html

(5) https://www.ladepeche.fr/article/2016/06/08/2361122-la-ligne-tarbes-bagneres-au-coeur-des-debats.html

(6) Vu le profil de la ligne (ligne droite),sa courte distance (18km),  pas de viaducs et encore moins de tunnels, ce qui, en termes de rénovations d'ouvrages d'art, entraîne un coût réduit par rapport à d'autres lignes.

(7) http://frontdegbagneres.canalblog.com/archives/2020/10/09/38580631.html

Un séisme important dans les années à venir

Sous le titre « La Bigorre touchée par un séisme important dans les années à venir », la Nouvelle République du 5 novembre relaie les propos...