dimanche 6 novembre 2022

Un séisme important dans les années à venir





Sous le titre « La Bigorre touchée par un séisme important dans les années à venir », la Nouvelle République du 5 novembre relaie les propos d’un enseignant chercheur, Guy Sénéchal.

Sans remettre en cause cette nécessaire sensibilisation aux risques majeurs, il faut cependant relativiser un propos, qui dans ces temps anxiogènes, n’a pas besoin de dramatiser la situation. Entre la peur du COVID, de la guerre nucléaire, du réchauffement climatique, il ne manquait que la trouille de périr sous les ruines de sa maison !!

Qu’en est-il réellement dans les Pyrénées et notamment dans la Bigorre ?

Il existe un risque sismique dans les Pyrénées, mais on peut le considérer comme modéré (10 séismes destructeurs de bâtiments en 6 siècles), mais sans commune mesure avec la sismicité que connaissent des pays comme le Japon, la Chine ou l’Indonésie où chaque tremblement de terre fait des dizaines de milliers voire des centaines de milliers de morts.

Le séisme de 1660 à Bagnères a entraîné la mort de 11 personnes et celui d’Arette, 1 seul mort. Loin donc du séisme de 1988 en Arménie qui a tué plus de 30 000 personnes, ou de celui d’El Asnam en Algérie en 1980 qui a fait 5000 morts. (https://www.c-prim.org/documentation/dossiers-th%C3%A9matiques/a-quand-le-prochain/ )

Pourquoi la terre tremble-t-elle dans notre région ??

Plusieurs hypothèses avancées par les géologues :

·         « Une grande partie (mais pas toute) de l'activité sismique des Pyrénées s'observe à proximité de cette Faille Nord Pyrénéenne (frontière entre la plaque ibérique et la plaque eurasienne). Les observations scientifiques montrent que la grande majorité des séismes dans les Pyrénées est liée à des glissements "en extension" et non en compression comme on aurait pu le croire à cause du contexte de rapprochement des deux plaques. Les récentes études mettent en lumière deux hypothèses à ce mécanisme le long des failles. L'une d'entre elles repose sur le fait que la sismicité des Pyrénées résulte du rebond isostatique post-glaciaire. Autrefois sujet au poids de la calotte glaciaire dont la fonte s'est opérée il y a (seulement) 10 000 années, la croûte s'est retrouvée libre de cette charge et a entamé une remontée due à cet allégement. Un tel processus, toujours en cours aujourd'hui, entraine un régime d'extension dans la partie supérieure de la croûte, là où l'on observe la sismicité des Pyrénées. D'autre part, on pense également que cette sismicité pourrait être induite par la différence de densité des blocs terrestres qui constituent la croûte. Dans les deux cas, ce sont des processus gravitaires qui seraient à l'origine de la sismicité actuelle. ».

·          On peut visualiser ceci avec un glaçon plongé dans l’eau. Au fur et à mesure où il perd de la substance parce qu’il fond, il remonte en surface. Quand cela se produit avec des matériaux solides comme les roches, ces remontées se font par à-coup, quand les tensions sont trop fortes et entraînent un séisme plus ou moins fort.

 

  • ·         Considérant que le village d’Arette se situe à l’écart de la Faille Nord Pyrénéenne, d’autres géologues (dont Joseph Canérot et les géologues de l’école toulousaine*) mettent en doute l’existence de cette faille et posent l’hypothèse d’un « dense écheveau de failles directionnelles NO/SE et oblique SO/NE » qui pourraient expliquer plus logiquement la survenue de séismes.

 A la question : peut-on prévoir un futur séisme : la réponse est très clairement NON.

 « On dit qu’il y a un séisme destructeur dans les Pyrénées tous les 25 ans et si cela reste une moyenne, on sait qu’on aura un séisme fort entre Bagnères et Arette. Ce qu’on ne sait pas c’est si ce sera demain ou dans 40 ans. Entre ne rien faire et tout, il faut trouver un juste milieu. Avant de tout transformer, on peut déjà renforcer, voire supprimer dans certains cas, les cheminées et les balcons. Heureusement, dans les Hautes-Pyrénées, la DDT est déjà très active mais chacun peut prendre un quart d’heure pour faire le tour de sa maison et regarder ce qui pourrait tomber ».(Guy Sénéchal)

La lecture de la carte ci-dessous nous démontre qu’un séisme « destructeur » peut avoir lieu n’importe où dans les Pyrénées et pas seulement sur la portion Arette-Bagnères. Donc, je ne suis pas certaine qu’il soit urgent de faire tomber toutes les cheminées et les balcons de la ville ; sachant que la première victime à chaque séisme sur la ville, c’est le clocher de l’église, que devrions-nous en déduire ??


La complexité des Pyrénées, nées à la fois du cycle hercynien et alpin, est telle qu’elle montre à quel point le chantier de la recherche est immense et combien cette chaîne est encore énigmatique !

Dernier conseil, plutôt que se fier au site publicitaire indiqué par l’intervenant lors de cette journée (Volcano discovery), préférez les sites scientifiques suivants :

*Livre : Les Pyrénées, histoire géologique de Joseph Canérot, géologue de l’école Toulousaine (Université Paul Sabatier)

 Sylvette Le Moal

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