mardi 16 juin 2020

Applaudir ne suffit pas


Essorés par la crise sanitaire, les soignants considèrent d'un œil très méfiant le Ségur de la santé lancé le 25 mai par Edouard Philippe. Loin du changement radical attendu, la poursuite du plan "Ma santé 2022" sera maintenu voire accéléré. La concertation menée par Nicole Notat, ex-chef de la CFDT ( à l'initiative du virage ultra réformiste de la centrale syndicale dans les années 90), est loin de satisfaire les représentants des personnels. Les annonces de la remise en cause des 35 heures, les promesses d'augmentations qui oublient tous les précaires et les paramédicaux, la poursuite de la fermeture de lits, toute la politique gouvernementale continue dans le monde d'après comme dans celui d'avant.

En 20 ans, le pays est passé de 500 000 lits d'hospitalisation à moins de 400 000, alors même que la population a augmenté et que le nombre de personnes âgées également. Et c'est l'hôpital public qui paie le plus lourd tribut en termes de fermetures de lits. Malgré ses promesses de campagne, Emmanuel Macron a poursuivi la purge et continué à fermer des lits. Il a également oublié ses promesses de revalorisation salariale des personnels hospitaliers, ce qui entraîne une pénurie de soignants dans de nombreux hôpitaux.

Sur le département, le projet d'un nouvel hôpital à Lanne qui entraînera la fermeture des hôpitaux de Tarbes et de Lourdes, est dangereux à plusieurs titres :

  • plus d'hôpital sur Tarbes, ville centrale, va pousser la population tarbaise et du nord du département à se tourner vers les cliniques privées. 
  • la fusion des 2 hôpitaux acte 130 emplois de moins et une diminution du nombre de lits, le plan gouvernemental misant sur le développement des hospitalisations ambulatoires. Mais quid des personnes âgées qui doivent rester sous surveillance post-op ? La situation est déjà très tendue partout !
  • cette nouvelle structure n'est toujours pas financée. Qui va devoir payer ? les collectivités territoriales ? les hôpitaux comme celui de Bagnères, dont la situation financière est critique, et qui a provisionné 6,5 millions d'euros pour ce projet ? 6,5 millions d'euros que le député, président du conseil de surveillance (voir article précédent sur le sujet),  justifie "pour conforter la place du centre hospitalier dans le futur" et qui se traduira par des fermetures de lits et de services sur notre ville.
  • garantie serait donnée aux hôpitaux de Bagnères et de Lannemezan. Pour y faire quoi ? aucune garantie sur le maintien des urgences à Bagnères ; aucune garantie sur le centre de rééducation fonctionnel ; il est à craindre qu'à Bagnères ne subsistent que des services réduits orientés vers la gériatrie. 
F Roux a beau, dans son programme, promettre de défendre le maintien de tous les soins dans l'hôpital de Bagnères, il ne dit rien sur le maintien des lits et des services, rien non plus sur le financement de l'hôpital unique. Quant à la promesse "d'accompagner le centre de rééducation pour qu'il soit reconnu comme pôle phare de notre territoire", rien ne dit qu'il sera maintenu dans le service public, surtout quand on lit ses propositions pour financer les "grands travaux" qu'il prévoit sur la ville et qui reposent sur la vente du patrimoine et l'appel à partenariat....

Nous ne critiquerons pas ici, le projet santé des candidats du BEC vu que rien n'a été dit sur le sujet.
Se contenter d'applaudir les soignants, c'est très gentil mais loin de suffire pour exiger un système de santé digne de notre pays. C'est pourquoi la mobilisation en faveur des hôpitaux et de leur personnel est une nécessité à laquelle nous nous associons.


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