La presse a largement
couvert l’obligation faite aux parents de l’école Steiner-Waldorf, hors
contrat, d’inscrire leurs enfants dans une école publique ou privée du
territoire, les enseignements proposés n’étant pas en conformité avec les exigences
de l’Education nationale.
Comme de nombreuses
contre-vérités ont été largement relayées par les réseaux sociaux où certains
individus ayant pris fait et cause pour cette école sont omniprésents, il nous
a semblé nécessaire de rétablir quelques faits.
Quelques précisions pour
qui le souhaite sur la sacro-sainte « liberté d’enseignement » mise
en avant et qui serait inscrite en toutes lettres dans notre Constitution (Cliquer ici) et
sur le fait que l’école ait subi un acharnement des inspecteurs de l’Education
Nationale via des « inspections surprises » (Cliquer ici).
Mais ce qui est le plus
déconcertant, c’est le fait que parmi les défenseurs acharnés des écoles dites
« libres » et de l’instruction à domicile, se retrouvent pour
vilipender l’école publique, des gens dont les opinions politiques affichées
n’auraient pas laissé supposer qu’ils s’allieraient un jour sur un sujet quel
qu’il soit !!! Une alliance hétéroclite entre sympathisants et militants
EELV ou FI qui n’hésitent pas à reprendre les arguments de SOS éducation et
d’Anne Coffinier, égérie de la Manif pour tous !
Nous faisons face à une
indéniable perte de boussole d’une partie de la « gauche » ou de ceux
qui se prévalent du « peuple » oubliant que le service public de
l’Education Nationale reste le seul rempart contre les inégalités sociales. Car
qui peut se permettre, comme c’est souligné par ailleurs, de « traverser
la France » pour inscrire ses enfants dans UNE école privée ?
Méli-mélo idéologique
des soutiens à la fameuse « liberté d’enseignement » ?
On ne reprendra pas ici toute la prose déversée sur
les réseaux sociaux, chacun pourra aller y faire un tour s’il le souhaite.
On peut s’étonner de
retrouver parmi les plus virulents défenseurs de l’école Steiner-Waldorf, des
enseignants soit qui ont fait carrière dans l’école publique (ce qui leur
permet de percevoir une retraite disons « correcte ») soit qui sont
actuellement en poste dans des écoles du département. Mais aussi des militants
ou des proches d’EELV ou de la France Insoumise pour qui tout ce qui se présente
comme une « alternative » est forcément bon à prendre et à défendre.
L’école en est le principal exemple.
On peut se demander comment
le vice-président de la CCHB aux affaires sociales peut oser soutenir une école
privée dont le Recteur affirme que ses enseignements sont largement
insuffisants en rapport des exigences du Code de l’éducation, ce au prétexte
qu’on « y mangerait bio ». Mais les enfants vont-ils à l’école pour
déguster des plats de fèves bouilles !!
Ne
reparlons pas des élus de la République en marche, nous avons déjà grandement
abordé leur ralliement intéressé aux écolos du BEC et leur silence assourdissant
sur le sujet. Mais alertons les soutiens de l’école des Boutons d’Or, ceux-là
auront « piscine » quand il s’agira de les soutenir au grand
jour !
Dans
le même ordre d’idée, silence total et prudent du quatuor écolo allié à la
France Insoumise durant les départementales. On ne va quand même pas se fâcher
une « clientèle » électorale potentielle, même si cela vous rend
complice d’idéologies douteuses.
Car
qui trouve-t-on derrière les attaques virulentes contre l’école publique ?
L’hostilité à l’école publique
qui était jusqu’à aujourd’hui, l’apanage de quelques
mouvements de droite ou d’extrême
droite, d’obédience catholique, qui vilipendaient une
« école sans Dieu », s’est donc élargie. Et contre toute attente, on voit se
fondre dans un même rejet de l’école publique une droite catholique galvanisée
par le succès de la « Manif pour tous » avec en référence commune
Anne Coffinier (militante acharnée des écoles hors contrat) également citée par
les écolos blogueurs, mais aussi un courant néolibéral, très présent à droite
mais empiétant de plus en plus sur
une partie de la gauche et plus récemment, un troisième courant dans la
mouvance écologiste. Ainsi, au nom du « libre
choix » des familles, ces partisans du marché scolaire, voire du chèque éducation*, prônent l’autonomie et la mise en concurrence des établissements mais aussi des élèves.
Dans
la foulée de Pierre Rabhi avec son mouvement des « Colibris
», et de sa fille, Sophie
Rabhi, l’instruction obligatoire est présentée comme « un malentendu »,
porteuse de « maltraitance ». Mathieu Labonne, directeur en titre du mouvement Colibris,
explique que l’école publique gratuite « ne répond pas, pour beaucoup de
parents, à leur aspiration à une éducation qui soit plus bienveillante », qu’il
faut donc leur permettre de financer la scolarité de leurs enfants dans des
écoles privées hors contrat, grâce à des moyens comme le chèque éducation* ou
le crédit d’impôt.
Après l’invention de « l’échec
scolaire », dont on rend l’individu seul responsable,
après l’individualisation des « parcours » au sein de l’école publique, après la marchandisation du système
éducatif sous couvert d’autonomie, il s’agit
maintenant de jeter à bas l’idée même du « commun », d’une école commune à tous les
élèves, avec sa prétention à l’égalité ou au moins à « faire société ». On est face à un projet clairement identifiable
de mise en cause du caractère public de l’école, de refus de faire société avec tous, de vivre
ensemble.
« Il ne s'agit pas de dire que tout va
bien, qu'il n'y a pas de problème dans les écoles mais d'équilibrer les choses
et de les remettre en perspective. Il y a de nombreux projets porteurs qui
motivent les élèves et les font progresser, des équipes qui se mobilisent pour
améliorer le climat scolaire dans leur établissement, des chercheurs qui
ouvrent de nouvelles pistes pour réduire les inégalités scolaires, des domaines
dans lesquels les élèves progressent... Se contenter du discours déploratoire
c'est ouvrir un boulevard à la fois aux officines privées et aux dérives
sectaires de tous poils qui s'empressent de proposer la bienveillance,
l'adaptation à chacun et l'efficacité qui seraient forcément absentes de l'École
publique. Il faudrait pouvoir placer un curseur de façon équilibrée et
raisonnable, en le réajustant si nécessaire entre « toute alternative nouvelle
est bonne à prendre » et « rien ne doit bouger par rapport à nos habitudes
ancestrales », ce serait la meilleure façon de couper l'herbe sous le pied des
gourous peu fréquentables et dangereux qui portent atteinte à la liberté de
conscience de nos enfants et nos jeunes. » (Stéphanie de Vanssey / SE
UNSA)( https://ecoleetsociete.se-unsa.org/Ne-laissons-pas-nos-enfants-aux-mains-des-gourous-scolaires)
Et pour qui aurait des tendances au
complotisme, cette dernière information qui nous « rassure » sur
le soutien dont bénéficient les écoles Steiner-Waldorf : Andreas
Schleicher, Directeur
de la Direction de l’éducation et des compétences, conseiller spécial du Secrétaire général, chargé de la
politique de l’éducation, au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a lancé et supervise
le Programme international pour le suivi des acquis
des élèves (PISA).
Sans crainte de conflit d’intérêt ou devoir de réserve, ce personnage puissant
au sein des institutions de l’OCDE, ancien élève de l’école Steiner n’hésite
pas à tirer comme conclusion que : « Les comptes
rendus de ce volume montrent
aussi que dans les écoles
Steiner Waldorf, une grande
partie de ce que l’étude PISA souligne comme étant crucial pour le succès des systèmes
éducatifs modernes est au programme depuis plus d’un siècle »
https://www.aether.news/andreas-schleicher-sur-la-pedagogie-steiner-waldorf/
Liens :
*la
Fondation pour l’école, dont les membres du Conseil d'administration ont des liens soit avec
l'extrême droite, soit avec le catholicisme
traditionaliste : Manif pour tous,
SOS Éducation
et nourrissent une forte
contestation idéologique de la forme moderne de l’impôt et de l’État, voire de la République ». Cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Fondation_pour_l%27%C3%A9cole
Blog
d’Alain Bonneau : https://blogs.mediapart.fr/edition/en-bigorre/article/010921/pas-de-secte-aux-boutons-dor-de-bagneres-de-bigorre-mais-la-ferme
*Anne Coffinier. La présidente de l’association
Créer son école – favorable au secteur privé hors contrat », bien
connue pour ses positions contre l’école de la République : https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2013/10/11/anne-coffinier-l-egerie-anti-genre_3493286_4497186.html
*Position des verts 65 sur
le sujet : http://vert-social-demo.over-blog.com/2021/09/ecole-le-bilan-lamentable-de-jean-michel-blanquer.html?fbclid=IwAR1B6pXXR4SZSrw9ZUFJUMw-Crv8B1zJilprja2lxXbOKsk_7BT33QYsZ-Y