« Gouverner, c'est prévoir ; et ne rien prévoir, c'est
courir à sa perte »
(Emile de Girardin)
Avoir une vision d’avenir, voilà ce que nous attendons des
élus. Et s’il y a bien un dossier qui illustre cela, c’est bien celui de la
voie ferrée reliant Bagnères à Tarbes.
Bagnères a été, en 1862, la 1ère des villes d’eau
du sud-ouest à être accessible par voie ferrée. Le transport de voyageurs cessa
en1970 et la ligne ne sera utilisée que par les usines Soulé avant de
s’éteindre progressivement. Pour autant, les Bagnérais n’ont pas oublié !
En 2006, les élus de la CCHB décident d’investir 1,2
millions d’euros dans la construction d’un bâtiment de près de 2 000m2 pour
CFD (Compagnie des Chemins de Fer Départementaux) installé sur le site Soulé. En 2008, CAF (groupe ferroviaire espagnol)
rachète CFD et pérennise l’activité industrielle du site. (1)
De par sa présence auprès des salariés de CFD, la CGT est
toujours intervenue depuis les années 2000, sur la nécessité de réhabiliter la
voie ferrée, et a dénoncé l’aberration d’une usine ferroviaire non reliée au
rail ce qui nuit grandement au développement de ce site industriel.
Le Maire de Bagnères, Rolland Castells, a toujours œuvré
pour la préservation de l’emprise de la voie et ne pas hypothéquer ainsi une
réouverture potentielle. En 2010, il est soutenu par Josette Durrieu,
Présidente du Conseil Général, qui confirme l’intérêt qu’elle porte à cette
réouverture, tant pour des raisons environnementales qu’économiques.(2) Cette
réouverture est ainsi inscrite dans la Convention Territoriale du Pays de
Tarbes et de la Haute Bigorre, document cosigné par l’Etat, le Conseil
Régional, le Conseil Général et la CCHB qui prend en compte les différentes
utilisations possibles : fret, transport de passagers, tourisme… (3)
A cette même date, l’opposition municipale par la voix de
Michel Martin, élu de Bagnères Solidaire, portait le projet de remplacer la voie
ferrée par une voie verte réservée aux cyclistes, position partiellement
abandonnée lors des élections de 2014.
La remise en état de la voie ferrée Tarbes -Bagnères devient
un enjeu économique majeur pour Bagnères et la Haute Bigorre : enjeu à la
fois économique pour consolider le tissu industriel, mais aussi touristique
pour assurer une liaison avec Tarbes, et environnemental pour réduire le trafic
des voitures sur le CD8 entre les 2 villes. C’est cette position que les élus
du Front de Gauche ont toujours défendue.
Compétence régionale, l’avenir du transport ferroviaire a
attiré une foule de Bagnérais lors d’une réunion publique des Etats généraux du
rail qui a eu lieu le 31 mai 2016 à Bagnères, car l’espoir de voir la ligne
rouvrir est loin d’être enterrée.(4) (5) Le 2 décembre a également eu lieu une réunion publique sur "les chantiers pour l'avenir des transports en Occitanie" à Tarbes où la question a été une nouvelle fois soulevée. Mais que de temps perdu avant que soit
véritablement étudié le retour du train sur cette ligne ! Plus de10 ans de
tergiversations des uns et des autres : coût trop élevé pour les uns, mise
en place d’un outil non rentable pour d’autres, évaluation du coût passant de 50 à 75 millions d'euros... (6)
Aurait-il fallu que cette ligne Morcenx-Bagnères passe par
Marsas avec un terminus à Beaudéan pour que les édiles de ces deux villages (respectivement
président du SCOT et président de la CCHB depuis 2013) daignent prendre le
dossier en main et entendent les demandes conjointes des habitants de la
CCHB, de la CGT-CFD, des responsables industriels, des élus du Front de Gauche,
de la Confédération Paysanne qui a porté ce dossier au CESER, et des maires de
Bagnères (Castells et Cazabat principalement) ?
Réactivé en 2019 par le Conseil Municipal de Bagnères qui a
vote une motion à la quasi-unanimité (-2 voix de Bagnères solidaire refusant d’y
associer le transport des voyageurs), (7) la demande a été portée et votée par la
CCHB qui a décidé de lancer une étude de faisabilité pour le fret mais aussi
pour la partie voyageurs (80 000€). Etude décidée en octobre 2019 et appel
d’offre clôturé le 7 septembre 2020 (on ne peut pas dire qu’il y ait précipitation ….)
Cependant, malgré le coût démesuré investi dans le document
du SCOT, autant ses auteurs (dont son Président, le maire de Marsas), dans la
partie « liaisons et transports collectifs » parlent de la gare de
Tarbes, de l’aéroport de Lourdes-Ossun et de l’autoroute, autant il n’est
nullement fait allusion à la voie ferrée Tarbes-Bagnères. Soit les concepteurs
ne connaissaient pas son existence, soit ils n’en avaient cure, mais pour un
document qui se déclare engager l’avenir des 15 prochaines années, cela laisse
rêveur…. Apparemment, ils n’avaient pas anticipé la crise du transport aérien et
donc la relance du transport ferroviaire !
« Ne pas prévoir » se traduit de façon très
concrète par le transport de 43 rames de banlieue MI2N de la ligne A du RER
francilien par la route : transport de nuit par 2 semi-remorques, passage
de 7 ronds-points, passage sous les ponts délicat, soit plus de 2 heures pour
sortir de Tarbes !!! Bonjour le coût financier et environnemental !!!
Le coup de théâtre est venu de l’Etat qui, par la voix du Ministre des transports, vient d’annoncer
une enveloppe de 8 millions d’euros dédiée à la réouverture de la ligne dont la rénovation serait estimée à 20 millions d'euros. Il est
nécessaire que le chantier soit lancé impérativement dans les plus brefs délais
car il s’agit bien de l’avenir économique de la Haute Bigorre qui est en jeu.
Souhaitons que les choix désastreux d’abandon du train ces
dernières années soient derrière nous et qu’une prise de conscience des
responsables politiques les amènent à faire une marche arrière bienvenue.
Cette réouverture sera un joli pied de nez à tous ceux qui
ricanaient face à nos demandes incessantes de réouverture de la ligne.
(1) https://www.ladepeche.fr/article/2007/03/12/387359-bagneres-de-bigorre-un-nouveau-batiment-pour-cfd.html
(2) https://www.ladepeche.fr/article/2010/10/21/931808-bagneres-vers-une-reouverture-de-la-ligne.html
(3) http://www.bagneres-infos.com/IMG/pdf/communique_voie_ferree.pdf
(4) https://www.ladepeche.fr/article/2016/06/04/2358608-etats-generaux-rail-ont-fait-halte-cite-thermale.html
(5) https://www.ladepeche.fr/article/2016/06/08/2361122-la-ligne-tarbes-bagneres-au-coeur-des-debats.html
(6) Vu le profil de la ligne (ligne droite),sa courte distance (18km), pas de viaducs et encore moins de tunnels, ce qui, en termes de rénovations d'ouvrages d'art, entraîne un coût réduit par rapport à d'autres lignes.
(7) http://frontdegbagneres.canalblog.com/archives/2020/10/09/38580631.html